Le Château

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Le château de Damigny, avec sa tour de défense et son ancien four à pain, ainsi que quelques restes de douves et d’un ancien et rare logis anglo-normand, est l’un des derniers vestiges du château fort de Damigny.

L’histoire du Château de Damigny est dense et particulièrement bien connue jusqu’à nos jours. Il y a presque deux mille ans, un certain Dominius, Gallo-romain, établit là son domaine, en contrebas de la voie reliant Bayeux (Augustodurum) à Vieux et Lisieux. Le domaine n’était alors qu’un îlot émergeant d’un petit lac.

Plus tard, après l’An Mil, dans une période de forte insécurité, l’îlot fut probablement fortifié par une palissade en bois abritant un logis de bois, mais peut-être aussi par une tour et d’autres dépendances.

A partir de 1150, l’histoire du château et des ses propriétaires nous est connue quasiment sans interruption, ce qui est exceptionnel…

A cette date donc, Guillaume de Glos vendit le château de Damigny et son fief à un certain Robert, dont la petite-fille, Mabille, épousa Gauthier du Plessis (ou du Plesseis), vers 1200, premier d’une lignée de Seigneurs de Damigny. La famille du Plessis sera présente jusque 1380. Symboles de leur puissance, les armes des du Plessis sont représentées dans plusieurs armoriaux normands médiévaux.

 

Damigny était au XIIIe siècle un château fort médiéval se tenant sur les terres de la paroisse de Nonant, au hameau d’Amigny. Cette forteresse, dont on retrouve des traces dans des écrits du XIVe siècle, participait à la défense du bailliage* de Caen. On l’appelait alors « Château d’Amigny ».

Le château fort était situé sur une île d’une trentaine de mètres de côté, entourée par une vaste nappe d’eau d’une trentaine de mètres de large, qui constituait une excellente protection. La tour qui existe toujours aujourd’hui était l’élément essentiel de la défense pour contrôler les approches, l’entrée et l’accès au pont-levis. Cette vaste nappe d’eau était alimentée par une source importante (avec un puissant débit de 12m3 par heure) qui existe toujours – c’est elle qui alimente le bassin à l’entrée du château. D’ailleurs, outre cette source principale, plusieurs petites sources sourdent en haut de la douve. Au fond de la douve se trouve la plaque calcaire du Bajocien qui a permis de retrouver de nombreux fossiles au bord de la douve.

En 1339, Guillaume du Plessis fit édifier une chapelle dédiée à la Vierge Marie à l’intérieur du château. Cette chapelle est la réplique identique de la chapelle de l’église de Nonant, elle-même édifiée à la même époque par Guillaume du Plessis. C’est dans un caveau sous cette église qu’étaient inhumés les seigneurs de Damigny.

En 1372, de nouvelles fortifications furent construites pour renforcer la défense du château. Vers 1380, Lucas de Longaulnay épousa Agnès du Plessis. Les Longaulnay étaient une famille de petite noblesse bretonne. Agnès du Plessis offrit en dot la seigneurie et le château familial. Pendant deux siècles et demi, cette famille de Longaulnay – qui deviendra Longaunay- régna sur le domaine.

Par de bons mariages et par leurs qualités militaires, les Longaunay devinrent, au fil des générations, une puissante famille, liée au roi de France. Ainsi, le fils d’Agnès et Lucas de Longaulnay, Hervieu, servit sous les rois Charles VI et Charles VII. En 1416, il épousa Jeanne d’Octeville. Leur propre fils, Jean Ier de Longaunay, épousa Jeanne de Larrey, et devint chambellan du Roi* en 1456.

Hervé III de Longaunay , fils de Jean Ier, épousa Blanche d’Esneval le 10 août 1484. Il servit à son tour trois Rois de France : Charles VII, Louis XII et François Ier. C’est probablement lui – ou son père – qui fit élever la seule tour de défense du château de Damigny, subsistant encore de nos jours. Ronde et massive, son rez-de-chaussée était pourvu d’une cheminée constituait un corps de garde.

Ultérieurement, probablement vers la fin du XVIème siècle, un four à pain fut construit à l’est dans un petit bâtiment attenant sans communication avec le 1er étage;  on y accédait par une porte cintrée en haut d’une échelle.

Jean II de Longaunay succéda à son père Hervé III. Il épousa Marie Thésart, qui amena une dot importante constituée du château et de la seigneurie de Dampierre (au sud-ouest de Caumont-l’Eventé). Jean II servit les rois Louis XII et François Ier dans les guerres d’Italie. Leur fils, Hervé IV de Longaunay, naquit vers 1510. Il sera souvent appelé « Longaunay-Dampierre » ou simplement « Dampierre ». En 1553, il épousa Catherine de Surreau, dont les cendres de son cœur reposent dans les soubassements de la chapelle du château de Damigny.

Après la guerre de Cent Ans (1337-1453), la paix revint dans le bassin normand mais la religion réformée, professée par Luther et Calvin dès le début du XVIe siècle, revint vite troubler la région.

Ainsi en 1562, l’Edit de Tolérance reconnaît le libre exercice du culte réformé. Le 1er mars, le massacre de Wassy ouvrit la voie aux guerres de religion. Les 15 et 16 avril, les Huguenots* s’emparèrent du château de Damigny. D’ailleurs en 1572, après le massacre de la Saint Barthélémy, Hervé IV de Longaunay aurait relié le parti Huguenot.

Jean III de Longaunay, fils d’Hervé IV, lui succèda au château de Damigny. Intendant militaire, il commanda bientôt à St Lô, accordant des passeports aux Huguenots de la région qui désiraient quitter le royaume. Alors que le roi de Navarre (futur Henri IV), conseillait au roi de démanteler les remparts de St Lo pour éviter que cette ville soit prise par les Huguenots, Jean III de Longaunay écrivit au roi et obtint de les sauver.

En 1591, Damigny est habité par Jean III de Longaunay et les siens. Les douves sont infestées de grenouilles et il donne en fief une pièce de terre de cinq vergées (1ha) pour faire taire les grenouilles pendant l’accouchement de son épouse : Suzanne Aux Epaules.

La dynastie des Longaunay s’éteint à Damigny avec le décès de Jean III de Longaunay probablement vers 1619, alors qu’elle survivra à Dampierre jusqu’au XIXème siècle.

Au décès de Jean III, sa veuve, Suzanne Aux épaules, épouse François de la Guiche de Saint-Géran, lui offrant en dot la terre de Damigny. Sa fille, Suzanne de Longaunay, épousa Claude Maximilien de la Guiche de St Géran, le fils de François de la Guiche de Saint-Géran, issu d’un premier mariage.

Marie de la Guiche naît en 1620 de l’union de Suzanne Aux Epaules et de François de la Guiche. Un garçon, Bernard, naquit de l’union entre Suzanne de Longaunay et Claude Maximilien de la Guiche mais disparut – mort à la naissance ou plus probablement subtilisé par une belle-sœur qui redoute un futur partage d’héritage.

Suzanne de Longaunay décéda en 1679, et Damigny revint, non pas à Bernard de la Guiche (retrouvé et reconnu après un long procès comme son fils et celui de Claude Maximilien de la Guiche) mais à la demi-sœur de Suzanne, Marie de la Guiche, devenue Duchesse de Ventadour. Elle-même était veuve dès 1649 de Charles de Lévis, Duc de Ventadour.

De cette union était né Louis, duc de Ventadour, Seigneur de Damigny. Il épousa Charlotte Eléonore–Magdelaine de la Motte Houdancourt et de leur union naquit Anne-Geneviève de Levis.

Naturellement, ces personnages devenus importants ne résident plus à dans leur domaine de Damigny, ils ne font qu’y passer. En effet à cette époque, Charlotte-Eléonore-Magdeleine de la Motte-Houdancourt (1651-1744) a une position d’exception; elle est gouvernante des enfants de France, donc très proche de Louis XIV. Sa, Anne –Geneviève de Ventadour, montera encore plus haut dans l’échelle sociale en épousant, le 15 février 1694, Hercule-Mériadec, Prince de Rohan.

En 1714, le Prince de Rohan vendit le fief, la terre et la seigneurie au Marquis de Magny, Nicolas-Joseph-Foucault, qui l’achèta en engageant la dot de sa femme. Et bientôt celle-ci, Catherine-Henriette de Ragareu, signa des quittances en tant que « Dame de Damigny », bien qu’elle se souscrit « épouse séparée de biens de Nicolas-Joseph Foucault, Marquis de Magny ».

Au XVIIIe siècle, il n’y a plus guère que le chapelain* pour résider au château de Damigny. C’est le marquis de Magny, souvent à l’étranger, qui gère Damigny. Or, le château souffre d’un cruel manque d’entretien. A la mort de Catherine-Henriette, en 1755, Damigny passe à ses enfants, comme nue propriété, mais le marquis en reste usufruitier, en le gérant sans se soucier des bâtiments dont les toitures sont en mauvais état, les dégâts patents. Quand il décède, en 1772, à 95 ans, le château est ruiné. Son fils et sa fille étant décédés avant lui, le château revient au plus proche héritier, un cousin germain des enfants Foucault par leur mère de Ragareu : Charles Arnaud de La Briffe.

Survint la Révolution Française, en 1789. La famille de La Briffe émigre et les biens furent saisis par la Convention*. La terre de Damigny est scindée en plus de cent parcelles. Les ruines de la forteresse et son domaine immédiat sont adjugés à des paysans.

Sur le cadastre de 1807 cependant, nous retrouvons la tour et son four à pain, reliés par un mur aux bâtiments des communs. La nappe d’eau a été comblée, à l’exception de la douve en périphérie, qui existe toujours. La chapelle a disparu. Par contre, le logis médiéval existe toujours.

Sous la Restauration* (1814-1830), tout le domaine appartenait à la famille Carpentier qui se fera appeler « Carpentier de Damigny ». Mr Carpentier reconstruisit l’ancien logis pour en faire l’actuel château, la cage d’escalier actuelle remplaçant au même endroit la tour d’escalier d’origine du logis. Le bâtiment est élargi côté nord. C’est un château typique de cette époque, flanqué de serres pour des vignes et avec un bassin circulaire sur une partie de l’ancienne nappe d’eau.

A partir de 1914, le château devient résidence d’été pour séminaristes. Puis, un haras appartenant à la famille Marie vendit le domaine à la cartoucherie de Lebisey en 1936.

En 1990, la partie orientale avec le parc, le château, le pré, la tour et le bois sont vendus aux Editions Heimdal, qui revendirent à leur tour le château en août 2009 à Monsieur Vincent Capon et Melle Corinne Matton, qui entamèrent une profonde rénovation du domaine en vue d’y installer des chambres d’hôtes.

C’est désormais avec leur fils Paul qu’ils vous accueillent dans cet environnement d’exception, chargé d’histoire…

Lexique

Bailliage: Juridiction du bailli, l’officier royal qui rendait la justice.

Chambellan: Gentilhomme chargé du service de la chambre d’un monarque

Chapelain: prêtre officiant dans une chapelle

 

Convention (1892-95): nom donné à l’Assemblée constituante qui gouverna la France de 1792 à 1795 lors de la Révolution française, elle abolit la royauté, fonda la Première République. Elle permit aussi l’établissement d’un régime de Terreur.

 

Huguenot: appellation donnée aux Protestants français pendant les guerres de religion. Après les dragonnades (nom des persécutions à leur encontre) et la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, ils furent condamnés à l’exil ou à la conversion.

 

Restauration (1814-1830): période de retour à la souveraineté monarchique, limitée par la Charte de 1814. Deux rois se succédèrent pendant cette période de monarchie parlementaire, Louis XVIII et Charles X.


Dates repères

1150 : Guillaume de Glos vend le château de Damigny à un certain Robert
1200 environ : sa petite fille, Mabille, épouse Gauthier du Plessis
1339 : Guillaume du Plessis fonde une chapelle dédiée à la Vierge à l’intérieur du château
1380 : Lucas de Longaulnay épouse Agnès du Plessis
1484 : Hervé III de Longaunay qui succède à son père Jean Ier, épouse blanche d’Esneval. C’est lui qui fait édifier la tour de défense du château.
1553 : Hervé IV de Longaunay épouse Catherine de Sureau
1572 : Hervé IV de Longaunay aurait relié les Huguenots
1591 : Jean IIIde Longaunay , qui a succédé à son père Hervé IV habite Damigny
1619 : Le décès de Jean III de Longaunay marque la fin de la dynastie Longaunay à Damigny
1619 : Suzanne Aux Epaules, veuve de Jean III, épouse François de la Guiche de St Géran
1620 : sa fille, Suzanne de Longaunay, épouse Claude Maximilien de la Guichede St Géran (le fils de François)
1679 : décès de Suzanne de Longaunay. Damigny revient Marie de la Guiche, devenue duchesse de Ventadour
1694 : le Prince de Rohan, par mariage, règne désormais sur le Château de Damigny. A cette époque, le château n’est plus habité en permanence
1714 : le Prince de Rohan vend le château au marquis de Magny, Nicolas-Joseph Foucault
1772 : à la mort du marquis de Magny, le château est en ruines. Le château revient à Charles Arnaud de la Briffe
1789 : Révolution Française.

1792-1795 : Convention Les de la Briffe émigrent, leurs biens sont saisis, le château est divisé en une centaine de parcelles

1814-1830 : Restauration de la monarchie française
1815 : Mr Carpentier devient propriétaire. Il reconstruit l’ancien logis pour en faire l’actuel château
1914 : le château devient résidence d’été pour séminaristes
1936 : un haras appartenant à la famille Marie vend le domaine à la cartoucherie de Lebisey
1990 : la partie orientale du château (parc, château, pré, tour et bois) est vendue aux Editions Heimdal
2009 : cette même partie est revendue à Mr Capon Vincent et à sa compagne, Corinne Matton.

2011 : Ouverture des chambres d’hôtes du Château de Damigny.